Lucas Andjisseramatchi : futur taulier ?

Ce samedi 13 décembre 2025 a marqué l’arrivée d’un nouveau capitaine dans l’histoire du Stade Rochelais. Pour sa 10ème feuille de match en professionnel, Lucas Andjisseramatchi (19 ans) s’est vu confier le poste ô combien important de capitaine, dans le cadre du déplacement des Maritimes chez les Stormers. Une promotion qui en dit peut-être long sur l’avenir de l’ex-Massicois.

Avant de jouer pour les Maritimes, Lucas Andjisseramatchi commence le rugby à l’âge de 7 ans à Massy. Club renommé pour avoir formé beaucoup d’internationaux français, dont un certain nombre de troisièmes lignes (Cameron Woki, Sekou Macalou, Judicaël Cancoriet…), Lucas suit la voie des anciens du RCME. Il intègre le groupe U18 du XV de France. De la chance, ou plutôt une évidence, quand on entend Uriel Jego (entraîneur des Crabos de Massy), et le reste du club. Le jeune troisième ligne centre est décrit comme un « soleil et un leader » au sein du groupe. C’est lui qui prend la parole lors des discours, qui motive et fédère ses coéquipiers. Mais « Andji » est aussi un bosseur avec des rêves plein la tête. La tête froide, il reste concentré sur ses objectifs. Pour lui, après les cours, ce sont ses amis et surtout le rugby. Son objectif : en faire son métier.

La fin de saison 2023-2024 signe les qualifications pour les phases finales. Malheureusement c’est la double peine pour Lucas. Il ne prend pas part aux matchs, faute d’une blessure au bras. De plus, son équipe voit ses rêves de phase finale disparaître, suite à deux défaites contre l’Union Bordeaux-Bègles (24-36) et son futur club… La Rochelle (45-7). Le jeune troisième ligne a alors 18 ans et la bascule entre les Crabos et les Espoirs doit opérer. Une étape charnière que de nombreux joueurs de rugby ne réussissent pas. Mais lui reste confiant. « Je sais au fond de moi que même si ça va être difficile, je vais réussir. » déclare-t-il dans la série Made in Massy, une saison pour devenir pro. Le temps lui donne raison. En 2024, il rejoint les Espoirs du Stade Rochelais. Un projet qui lui offre du temps de jeu, tout en restant ambitieux.

Lucas pose ses valises sur les bords de l’Atlantique, pour son plus grand bonheur. « C’est une belle ville, c’est calme, y’a la mer », reconnaît-il. Ce dernier apprécie tout particulièrement le lien que la cité portuaire entretient avec le rugby. « Quand tu portes le maillot, c’est un peu différent. Parce que les gens sont vraiment passionnés de rugby (…) C’est bien d’être dans une ville où le rugby est important. » À peine arrivé au club, il fait déjà partie des plans de Romain Sazy. Il commence sa saison par six feuilles de match (dont cinq titularisations) sur six possibles. Il prend ses responsabilités comme à Massy et gagne en assurance, aussi bien dans le groupe que dans le jeu. À l’image du premier essai contre Toulouse, où il trouve merveilleusement bien Mathis Brunet. Une fois le premier bloc fini et un mois de repos, les Espoirs retournent au travail, pour la réception de la Section Paloise. Mais Andjisseramatchi n’est pas convié à jouer avec les hommes de Romain Sazy, mais plutôt ceux de Ronan O’Gara, pour la réception du RC Vannes. Une réception qui termine sur une triste défaite (14-23), mais qui pour lui signe ses 16 premières minutes avec l’équipe professionnelle, trois mois seulement après son arrivée à La Rochelle.

Il retourne avec les Espoirs pour affronter l’Aviron Bayonnais et entame le deuxième bloc en tant que capitaine. Deux mois après, il est de retour avec l’équipe pro, pour enchainer quatre matchs (dont trois matchs où il entre en jeu). Il y affronte le LOU et les deux clubs parisiens, pendant la période de défaites des Rochelais. Des affrontements où malheureusement le jeune flanker ne sort pas ses meilleures performances. À l’image de son match contre le Racing 92, où il enchaîne les fautes de main. Cette période compliquée ne l’empêche pas d’être le leader des jeunes maritimes, dans la formation de Romain Sazy. La saison se ponctue par une deuxième place dans la Poule 1 (derrière le Stade Toulousain). S’en suivent les phases finales, avec une victoire contre le LOU (32-29), puis une défaite face au RC Toulon (12-16). En une saison, Andjisseramatchi devient un élément indéboulonnable des Espoirs, comme s’il avait toujours été au Stade Rochelais. Il suscite la curiosité du staff de l’équipe première, à l’image de ses coéquipiers, Charles Kante-Samba ou encore Simon Huchet.

La saison en cours marque la volonté assumée du staff de l’équipe professionnelle d’intégrer au maximum les Espoirs au projet. C’est à La Plagne, en août dernier, que les hommes de Ronan O’Gara et de Sean Dougall (nouvel entraîneur des Espoirs) se préparent ensemble pour l’exercice 2025-2026. Lucas est dans les petits papiers du staff pro et se retrouve propulsé sur la feuille de match de pré-saison contre la Section Paloise. Mais la plus significative est celle contre les Bordelo-Béglais pour lancer la saison de Top 14. Une saison bien plus prometteuse que la précédente, pour le capitaine des Espoirs. « Andji » voit son nom couché sur quatre rencontres de Top 14, dont deux en tant que titulaire (Racing 92 et Toulon). Ses prestations sont convaincantes. Il se montre important défensivement avec 83% de plaquages réussis, mais aussi offensivement avec 21 courses pour 46 mètres gagnés (dont 34 après contact).

La Champions Cup arrive et les blessés sont légion. Un coup de pouce du destin qui permet à Lucas Andjisseramatchi de disputer son premier match européen, le temps des 12 dernières minutes du match contre Leicester. Une entrée remarquée, à l’image des autres jeunes présents sur le banc. C’est une semaine plus tard que, du haut de ses 19 ans, il est choisi comme capitaine par Ronan O’Gara, en l’absence de Grégory Alldritt. « Il a pris la semaine en main. Faire ça à son âge, c’est très rare. J’avais une énorme estime pour lui mais aujourd’hui, elle est encore plus grande. » confiait le manager rochelais en conférence de presse d’avant-match. Un sacré défi pour celui qui jouait en Crabos il y a encore deux saisons. La finalité est un score lourd en Afrique du Sud (42-21), à relativiser par la belle performance d’un collectif composé notamment de 15 joueurs issus du centre de formation. Et si Lucas n’a pas été le plus en vue, il a tout de même proposé un match solide, en finissant meilleur porteur de ballon du match (15 courses ballon en main).

À l’heure actuelle, Lucas Andjisseramatchi a déjà plus joué cette saison que la précédente (148′ en 2024-2025 contre 222′ en 2025-2026). Avec un capitanat en poche et les louanges du staff en prime, il ne sera pas surprenant de le voir de plus en plus avec l’effectif pro, tout comme son coéquipier Charles Kante Samba. Dans une saison marquée par le très probable départ de Judicaël Cancoriet, la fin de contrat de Levani Botia et le repositionnement de Paul Boudehent au poste de deuxième ligne, les places se libèrent. Lucas peut glaner une place de remplaçant assurée et même lorgner la titularisation à terme, grâce à sa maturité précoce, son leadership et son niveau de jeu qui ne cessent d’impressionner.

© Stade Rochelais, France TV, L’Equipe,