Stade Français – La Rochelle : une histoire qui se répète

Défaite à la dernière seconde pour les Rochelais (26-24), qui voient donc les quatre points de la victoire s’envoler mais récupèrent tout de même un point de bonus défensif précieux pour le reste de la saison. Une défaite au goût de déjà vu, avec notamment une première mi-temps très compliquée. Tout le contraire d’une deuxième période où les Rochelais ont été plus entreprenants.

Après une lourde défaite le week-end passé à Montpellier, les hommes de Ronan O’Gara voulaient rebondir en terre parisienne avec une victoire. Le quinze de départ aligné va dans ce sens, avec plusieurs cadres présents et un banc de luxe (Alldritt, Jegou, Seuteni…). Sauf que les prestations se suivent et se ressemblent pour les Rochelais, la première mi-temps face au Stade Français est tout simplement insipide. Aucun réel mouvement de jeu n’a été déployé durant ce premier acte, que ce soit du côté de La Rochelle ou même du côté parisien. Les deux équipes ont commis fautes sur fautes, tentant des chandelles et des coups de pied ad nauseam, ainsi qu’un bon nombre d’approximations dans les passes. La grande quantité de fautes rochelaises est finalement sanctionnée à la 23e minute quand Aleksandre Kuntelia, tout juste rentré en jeu au profit du jeune Gael Galván, en difficulté lors de ses 20 premières minutes, est sanctionné d’un carton jaune pour une accumulation de fautes en mêlée.

Il a ensuite fallu attendre la 28e minute de jeu pour voir les premiers points inscrits dans le match, par l’intermédiaire d’Antoine Hastoy (0-3). Puis, à la 32e minute, rebelote pour Hastoy qui ajoute trois points, portant le score à 0-6. Aucune véritable action de jeu n’est à déclarer dans ce premier acte. La lumière est venue d’une percée magique de Niniashvili qui aurait pu mener à l’essai, mais il a suffi d’une passe mal ajustée et de mains qui glissent pour que l’action ne soit pas conclue. De leur côté, les Parisiens ont eux fait preuve de réalisme avec seulement cinq incursions dans les 22 mètres rochelais. Et la cinquième fut la bonne, avec l’essai à la 36e minute, du pilier géorgien Melikidze qui vient inscrire les cinq premiers points de son équipe, à la suite d’un ballon porté dans les cinq mètres maritimes. Louis Carbonel vient ensuite transformer l’essai. 7-6 à la mi-temps.

Au retour des vestiaires, les Rochelais apparaissent plus entreprenants, avec cette fois-ci, une volonté de vouloir un peu plus jouer. Pourtant, Louis Carbonel inscrit les premiers points du second acte à la 48e, 10-6. Ronan O’Gara réagit immédiatement à ces nouveaux points encaissés par cinq changements à la 49e minute, avec les rentrées d’Alldritt, Jegou, Penverne, Lavault et Latu sur le terrain. Des rotations qui se ressentent directement sur le terrain, Hastoy inscrit trois points de plus grâce à une grosse avancée des entrants. Les Parisiens se mettent à la faute et permettent ainsi aux Rochelais de revenir à 10-9 à la 53e. Cette pénalité redonne espoir aux Jaune et Noir, un nouveau souffle est-il possible ? Finalement non, La Rochelle retombe dans ses travers et encaisse un essai dans la minute qui suit. Sur une erreur bête de relance, le virevoltant ailier fidjien Dakuwaqa en profite et marque le deuxième essai des hommes en rose. 17-9 suite à la transformation réussie de Carbonel. Les Rochelais tentent de répondre et pénètrent à plusieurs reprises dans les 22 mètres parisiens, chose qu’on ne voyait pas ou que très rarement en première mi-temps. Multipliant les attaques, les hommes de Ronan O’Gara mettent à mal la défense parisienne. Hastoy inscrit à nouveau trois points, le score est de (17-12, 61′). Six minutes plus tard, Carbonel lui répond et ajoute également trois points de plus au compteur des hommes de Paul Gustard (20-12, 67′).

À un peu plus de 10 minutes du terme, le match s’emballe enfin, la lumière vient une nouvelle fois de Niniashvili, qui marque un essai tout simplement extraordinaire, digne d’un grand acrobate. C’est suite à une phase de jeu intéressante des Rochelais dans les cinq mètres parisiens que le décalage se fait, Le Garrec éjecte rapidement le ballon du ruck et trouve un décalage sur le côté, Hastoy nous gratifiant au passage d’une superbe passe volleyée pour Niniashvili qui conclut l’action en sautant dans le coin de l’en-but des Rose et Blanc. 20-17 à la 69e, Hastoy manque la transformation qui n’était pas évidente à réussir. Trois minutes plus tard, ce sont les Parisiens qui attaquent et mettent à défaut les Rochelais, une situation qui se répète pour des Jaune et Noir, qui ne parviennent pratiquement jamais à ne pas encaisser de points après en avoir mis. Carbonel se charge donc de la pénalité, 23-17 à la 72e. Les Rochelais ne lâchent pas l’affaire pour autant, et sur un lancer en touche de Latu dans les cinq mètres des locaux, la touche est perdue. C’est là où la malice du numéro 9 fait surface et Le Garrec surgit, prend le ballon et se rapproche de l’en-but, avant que le ballon atterrisse dans les bras de Jegou qui va aplatir le deuxième essai des Maritimes. Hastoy le transforme, 23-24, 77e minute. La fin de match est irrespirable, les Rochelais arrivent à récupérer une mêlée dans leur partie de terrain, mais à l’image du match, la mêlée rochelaise flanche. Les Parisiens ont la possibilité de gagner et Louis Carbonel ne loupe pas l’occasion, score final 26-24 pour le Stade français Paris. Les Rochelais quittent la capitale avec le bonus défensif, mais sont passés à quelques secondes d’une précieuse victoire.

La touche ratée de Latu en fin de match est un symbole du match rochelais dans son ensemble. Mais ce loupé a, pour une fois, eu de bonnes conséquences car grâce à lui, La Rochelle a inscrit son deuxième essai du match, permettant ainsi aux Maritimes de passer devant au tableau d’affichage. On peut aussi souligner l’incroyable malice de Nolann Le Garrec, qui a vu que le ballon pouvait être joué et qui en a superbement profité.

Top : Nolann Le Garrec a une nouvelle fois montré qu’on pouvait compter sur lui dans les moments difficiles. Fraîchement arrivé cet été, il s’est vite intégré au groupe et a rapidement montré le niveau qui est le sien. Dans tous les bons coups, il accélère et fluidifie toujours le jeu par ses sorties de balles dans les rucks et est devenu une pièce indispensable au collectif de Ronan O’Gara. Seul petit bémol, son dernier coup de pied en fin de match qui coûte une mêlée, perdue dans la foulée. Mention spéciale à Niniashvili qui monte en puissance au fil des matchs.

Flop : La mêlée a été catastrophique, de bout en bout. Les Parisiens ont dévoré les Rochelais dans ce secteur, sans que les Maritimes ne puissent répondre. Un véritable choc, quand on se souvient de l’importance qu’avait ce secteur de jeu dans les succès récents du club.

Comptablement, le bilan est à nouveau mauvais pour les Jaune et Noir car la victoire était à portée de main. C’est finalement la moins mauvaise équipe qui l’aura emportée. Les Rochelais repartent avec un petit point de bonus. Un moindre mal certes, mais encore insuffisant. La première mi-temps est entièrement à oublier dans tous les domaines : trop d’erreurs, trop de fautes, trop d’approximations. Il va vite falloir corriger ce manque cruel de discipline pour espérer de meilleurs résultats dans les matchs à venir. Si quelques motifs d’espoir sont à tirer de la deuxième mi-temps, les joueurs et le staff vont devoir vite réagir car le Stade Rochelais est actuellement 11e de Top 14, bien en dessous des attentes du début de saison. Une réaction est attendue le week-end prochain à domicile face à Montauban.

Crédit photo : Icon Sport