Le Stade Rochelais n’a pas manqué le premier rendez-vous de la saison avec son public. Dans un Marcel-Deflandre rénové et plein à craquer (18 000 spectateurs, guichets fermés), les Maritimes ont décroché un succès poussif mais convaincant face à Clermont (34–16).
Après avoir ramené un point de Chaban-Delmas, le néo-centurion Paul Boudehent et ses compères maritimes voulaient confirmer les nouvelles idées de jeu mises en place face à l’UBB. Ronan O’Gara a mis toutes les chances de son côté en décidant d’aligner toutes les nouvelles recrues sur la feuille de match : Le Garrec, Niniashvili et Pacome étaient titulaires, Semi Lagivala a lui débuté sur le banc. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que tous ces joueurs ont été décisifs dans cette victoire rochelaise, malgré les vieux démons de l’équipe qui ont parfois refait surface.
Une première mi-temps en dents de scie
Le Stade Rochelais a attaqué ce match par le bon bout en maintenant Clermont dans son camp pour le pousser à la faute. Cette pression maritime a été récompensée par une pénalité obtenue à la 11e minute qui verra Akhaladze recevoir un carton jaune pour un plaquage haut sur Jules Favre. Antoine Hastoy concrétise la domination de son équipe (0-3, 12e). Mais à l’image de la semaine passée, les Jaune et Noir se font pénaliser sur le renvoi. Harry Plummer répond (3-3, 14e).
Fidèles à leur plan de jeu, les hommes de Ronan O’Gara continuent d’acculer les Jaunards dans leurs 22 mètres. Et c’est à la suite d’une phase de jeu de plus d’une minute trente que les Rochelais vont enfin trouver la brèche, au terme d’un très beau mouvement de passes. C’est l’ailier australien Suliasi Vunivalu qui vient concrétiser la domination des siens (10-3, 20e) et inscrit son tout premier essai avec les Maritimes. Mais Clermont réagit rapidement. Après une touche mal négociée dans les 22 mètres, Antoine Hastoy se fait contrer, en essayant de dégager le ballon du camp maritime. S’ensuit plusieurs séries de pick and go des Clermontois avant que Plummer n’écarte sur l’aile droite. Le ballon arrive jusqu’à Yerim Fall qui ne se fait pas prier pour aplatir le cuir en coin. Sur la même action, Vunivalu écope d’un carton jaune pour fautes répétées (10-8, 27e).
Puis c’est au tour de l’ASM de se faire pénaliser sur le renvoi des locaux. Les avants jaune et noir effectuent un contre-ruck parfait dans les 22 mètres adverses et récupèrent une pénalité. Antoine Hastoy prend ses responsabilités et valide trois points supplémentaires, pour le plus grand bonheur des supporters (13-8, 29e). C’est sur ce score que les 29 acteurs rentrent au vestiaire, le score traduisant une domination rochelaise, sans toutefois oublier le réalisme des hommes de Christophe Urios.
La discipline, acteur majeur de la deuxième mi-temps
La seconde mi-temps débute par une nouvelle pénalité en faveur des visiteurs, après que Botia n’ait pas relâché le joueur plaqué avant de gratter le ballon. Harry Plummer décide d’aller en touche, et à raison car quelques minutes plus tard Yerim Fall aplatit le ballon dans l’en-but. Cet essai permet aux Clermontois de recoller d’emblée au score (13-13, 42e).
C’est à ce moment-là du match que le festival des imprécisions commence. Une série de touches perdues par le Stade Rochelais dans les cinq mètres adverses traduisent une domination stérile et un entêtement rappelant la période sombre de la saison dernière. Ce n’est qu’à la 62e minute que les Maritimes ont commencé à relever la tête. Nolann Le Garrec intercepte pour la deuxième fois en deux matchs un ballon brûlant dans les cinq mètres pour le remonter sur 70 mètres avant de taper au pied vers l’en-but adverse. Le Garrec chasse l’ancien rochelais Zamora, Hastoy récupère le ballon après un cafouillage et aplatit pour porter une estocade supplémentaire. Il transforme son propre essai (20-13, 62e).
La discipline n’a pas fini de faire parler d’elle sur ce match au point de le rendre historique. Pour la première fois de l’histoire du Top 14, un carton orange est distribué ! C’est le clermontois Simmons qui en fait les frais après un plaquage haut sur Grégory Alldritt (68e). Cette infériorité numérique ne freine pas les ardeurs des visiteurs. Sur une énième pénalité concédée de la part des Jaune et Noir, Raffy réduit l’écart au score (20-16, 73e).
La fin du match approche et le club à la caravelle repart à l’assaut des 22 mètres adverses. Sur une pénaltouche, le numéro 16 de l’ASM commet une faute cynique au sein du maul et voit jaune (77e). Les Jaunards vont finir le match à 13. Les Maritimes exploitent bien cet avantage en demandant la mêlée à cinq mètres de la ligne, ce qui permettra à Davit Niniashvilli, suite à un beau décalage, d’inscrire son premier essai sous ses nouvelles couleurs (27-16, 78e). Mais La Rochelle a encore faim. Sur une ultime pénalité et un grattage parfaitement réalisé par le jeune Luaki (premier match en professionnel), les locaux décident d’aller en touche. L’ultime ballon porté est conduit par le capitaine Grégory Alldritt qui sert parfaitement Nolann Le Garrec pour inscrire lui aussi son premier essai sous ses nouvelles couleurs (34-16, 82e) ! Débuts réussis.
Le fait du match
Toute la rugbysphère française était unanime pour élire le recrutement de Nolann Le Garrec comme le plus gros coup du mercato 2025 (transfert en réalité officialisé en septembre 2024), et cela s’est vu sur ce match. Grâce à sa seconde interception en deux matchs, le numéro 9 breton a permis aux Maritimes de se sortir d’une situation bien mal embarquée dans leurs cinq mètres alors que le score était encore à 13-13. Suite à cette action, Antoine Hastoy aplatit dans l’en-but et permet au Stade Rochelais de s’adjuger un matelas de sept points d’avance. Les Jaune et Noir resteront ensuite en tête jusqu’à la fin du match.
Top et Flop
Top : Vous l’aurez compris, Nolann Le Garrec est notre top du match. Il aura continuellement fluidifié le jeu tout en restant très propre dans ses actions. Et pour couronner le tout, il termine le match avec un essai, une passe décisive et une interception salvatrice. Mention honorable à Ugo Pacome qui confirme tout son potentiel au plus haut niveau.
Flop : Les matchs se suivent et se ressemblent pour le Stade Rochelais dans le secteur de la touche. Trop de ballons perdus, surtout dans les zones de marque. Pierre Bourgarit est donc par défaut pointé du doigt, même s’il faut souligner une belle activité de sa part sur le terrain. Kuntelia aura également coûté trop de points aux Maritimes, en étant pénalisé à quatre reprises.
Le bilan
L’inconstance des Maritimes a bien failli faire mal dans ce match. Mais à l’arrivée, c’est une victoire importante face à un concurrent direct pour les phases finales. Cette rencontre a conforté les Rochelais dans leurs forces (la puissance, les individualités) comme dans leurs faiblesses (la touche et l’indiscipline). L’avantage est que Ronan O’Gara et son staff savent précisément les secteurs à travailler pour rendre au Stade Rochelais son lustre d’antan. Ce n’est que la deuxième journée du championnat et nous pouvons apercevoir de nettes améliorations, notamment dans le jeu de trois-quarts. Si les Jaune et Noir continuent dans cette direction tout en gommant ces défauts, une très belle saison peut s’offrir à tous les supporters du club à la caravelle !
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