Stade Rochelais - RC Vannes : Deux clubs au destin similaire ?

Samedi après-midi, le Stade Rochelais recevra le RC Vannes. Les deux équipes s’affronteront pour la première fois de leur histoire dans l’élite du français. Lorsqu’on se penche sur l’historique du club breton, on ne peut s’empêcher de faire un comparatif avec son homologue rochelais, qui pourrait être son grand frère…


Et si c’était lui, le vrai derby de l’Atlantique ? D’un point de vue purement géographique, les deux villes (et même les deux stades) sont collées à la façade atlantique, où il fait bon vivre. Cela étant, les deux formations montrent un engagement et une identité locale forte, au moyen de leurs directions respectives. Aussi, le sportif suit un chemin commun, où l’on voit le promu vannetais apprendre l’exigence du Top 14, avec des joueurs d’expérience mélangée à la jeunesse, ainsi qu’un staff emblématique qu’a façonné le club de la Pro D2 à l’élite du rugby français, ce qui rappelle un certain coach rochelais des années 2010, Patrice Collazo.

Un engagement local et une identité forte

Une ville de l’Ouest où il fait bon vivre, un stade plein chaque journée à domicile, des supporters qui viennent de loin, une progression sans mécène… Des similitudes notoires entre les Bretons et les Maritimes, maintenant bien ancrés en Top 14 depuis sa remontée dans l’élite en 2014, et malgré les 250 kilomètres de distance.

Dans un entretien accordé à France 3 Bretagne en 2019, le président du club breton Olivier Cloarec reconnaît que le parcours Vannetais « est effectivement un parcours qu’ils (les Rochelais NDLR) ont vécu il y a quelques années. ». Il souligne également que les Rochelais ont « un territoire avec peu de rugby autour d’eux (l’UBB n’avait pas encore éclos NDLR), un réel engouement dans leur club, un nombre important de partenaires, un club qui s’est construit année après année et pas à coups de millions. Le club a su construire et, après avoir fait l’ascenseur entre Pro D2 et Top 14, s’est installé dans l’élite, avec un stade rempli. »

Les villes de La Rochelle et Vannes possèdent de grands bassins d’emplois qui amènent de nombreux partenaires, ce qui est non négligeable, lorsque l’on sait que dans le rugby professionnel, le sponsoring représente 49 % des recettes des clubs. Le club du président Vincent Merling, peut compter sur ses « gros » partenaires historiques : Cafés Merling (entreprise du président), Léa Nature (entreprise de produits bio et naturels basée à Périgny, non loin de La Rochelle et présent partout en France), MACIF (assurance et partenaire majoritaire du club).

Du côté du club d’Olivier Cloarec, ce dernier s’est considérablement bien entouré ces dernières années, en particulier cette année. De très gros sponsors locaux sont arrivés pour aider le club à se développer plus rapidement et à se pérenniser dans l’élite du rugby français : les transports Delanchy (leader national dans le transport des produits frais basée à Guidel), Daunat (un des leaders français du snaking basé à Guingamp) et, le dernier sponsor en date, le groupe Interaction (un des leaders dans le domaine du travail d’interim) qui devient le plus gros sponsor privé du club.

Le président vannetais évoquait un peu plus haut que La Rochelle avait « un stade rempli ». Il en est de même pour le stade de La Rabine qui, depuis 2018, a un taux de remplissage supérieur à 90%. Un stade qui est en constante évolution, puisque depuis 2022, il est passé de 9 600 à 11 865 places avec l’agrandissement de plusieurs tribunes.

Côté rochelais, nous connaissons bien évidemment la série de matchs à guichets fermés en Top 14 qui suit son cours depuis le 2 janvier 2016 (97 actuellement). En termes d’infrastructure, le stade Marcel-Deflandre est sans doute au maximum de ses moyens. Avec 16 689 places, suite à l’agrandissement de la tribune Charente-Maritime l’été dernier, il devient compliqué d’agrandir le stade. Pourtant, les supporters se bousculent toujours autant à chaque journée à domicile pour avoir le privilège d’assister à un match de leur équipe préférée. Officieusement, on dénombre environ 5000 personnes qui n’arrivent pas à trouver de place.


Vannes et La Rochelle sont des villes qui “vivent rugby”. Leurs engagements avec les entreprises locales et la fidélité qu’elles créent avec leurs supporters, en font des modèles pour les équipes qui veulent se développer sereinement et considérablement. Malgré l’inspiration du modèle rochelais, le RC Vannes souhaite construire sa propre histoire, mais là encore, le destin va mettre le Stade Rochelais sur sa route avec des joueurs communs

Deux équipes de sangs mêlés

Durant les quatre dernières années, de très nombreux joueurs ont navigué entre La Rochelle et Vannes. Dans l’effectif breton, il y a actuellement cinq Vannetais qui ont porté les couleurs jaune et noir ces dernières saisons :

  • Le deuxième ligne Eric Marks (27 ans), ancien espoir rochelais, passé pro chez les Bretons en 2019

  • Le troisième ligne Matthias Haddad (23 ans) a été formé à La Rochelle (2007-2009), avant de faire ses gammes en Bretagne (2013-2016). Il reviendra sous la tunique jaune et noire en 2016 avant de passer pro en 2020, où il compte actuellement 41 matchs 

  • Le demi-de-mêlée Jules Le Bail (32 ans), a disputé 58 matchs sous le maillot rochelais entre 2013 et 2017, puis entre 2020 et 2023

  • Le demi d’ouverture Maxime Lafage (30 ans), a joué 18 matchs sous les couleurs rochelaises entre 2018 et 2019

  • L’ailier espagnol Martín Alonso Meñoz (24 ans), passé pro à La Rochelle en 2020, il y jouera 20 matchs entre 2020 et 2023

  • L’ailier, ou arrière, Romaric Camou (28 ans), et formé à La Rochelle, où il défendra la tunique de 2011 à 2019, faisant des va-et-vient entre espoirs et pros.

  • Le talonneur Brendan Lebrun (26 ans) est arrivé au Stade Rochelais en tant qu'espoir (2016-2019), avant de passer pro fin 2019 (cinq matchs joués au total). En 2021, Brendan part en direction de Vannes comm joker médical, où il disputera seulement deux matchs avec les Bretons


Côté Maritimes, peu de joueurs ont pris la navette Vannes – La Rochelle. Cela étant, il y a trois joueurs bretons qui ont posé, ou qui vont poser, leurs valises sur le port rochelais :

  • Le deuxième ligne Rémi Picquette (29 ans), passé par Vannes entre 2017 et 2021 où il y disputera 70 matchs, avant de rejoindre le navire rochelais jusqu’en juin 2024.

  • Le pilier gauche Louis Penverne (21 ans), arrivé à l’intersaison 2021 et passé pro en Jaune et Noir

  • Le demi-de-mêlée Nolann Le Garrec (22 ans), qui va rejoindre les rangs rochelais la saison prochaine, est à Vannes et a été formé, biberonné au sang breton. Son père est actuellement dans le staff breton.

Les liens entre Rochelais et Vannetais sont forts et nombreux. D’une part, par leur croissance économique et sportive avec de forts engagements avec les grosses entreprises locales de leurs régions respectives pour assurer la stabilité du club. D’autre part, avec des joueurs d’expériences ou de jeunes joueurs talentueux qui vont et viennent entre les deux clubs de l’Atlantique pour apporter leur vent de fraîcheur.

A l’heure où j’écris ces lignes, les Bretons sont mal en point en Top 14, avec une dernière place. Mais cela fait partie de l’apprentissage. En 2011, le Stade Rochelais était redescendu en Pro D2 avant de se construire encore plus et de se solidifier, jusqu’à devenir champion d’Europe 11 ans après. Si je peux dire un mot à nos amis Vannetais : ne baissez pas les bras, vous avez un club qui se structure magnifiquement bien, les travaux sont considérables. Le meilleur reste à venir.

                                    Simon Bourdolle

© Mathieu Darras - Fièvre SR