La saison du Stade Rochelais débutait ce samedi soir par un déplacement périlleux sur la pelouse de Chaban-Delmas. Il s’est soldé par une défaite, malgré un point de bonus défensif arraché dans les derniers instants de la rencontre (23-18).
Il est particulièrement délicat de démarrer sa saison en se déplaçant chez le champion d’Europe. Cela s’annonçait comme un test à la hauteur des objectifs affichés par les Rochelais. Face à un concurrent direct pour le titre, les hommes de Ronan O’Gara se devait de montrer leur meilleur visage, alors que leur adversaire était privé de plusieurs cadres. Dans un match au scénario très étonnant, les coéquipiers de Grégory Alldritt auront été parfois très intéressants dans leurs intentions mais aussi très brouillons dans leur exécution, en plus de manquer terriblement de réalisme.
La Rochelle domine mais ne tue pas
Le début de match rochelais est une véritable réussite. Les Bordelais sont acculés dans leurs 22 mètres mais, hélas, pas d’essai à l’horizon. Ce sont néanmoins les visiteurs qui ouvrent le score par Antoine Hastoy (0-3, 9e). Mais, comme un symbole du match rochelais, le renvoi qui suit est récupéré par les Bordelais, après une faute de Pierre Bourgarit. Matthieu Jalibert égalise (3-3, 11e).
Les Rochelais continuent de faire reculer les locaux. À la 16ème minute, Dillyn Leyds semble faire fructifier le bon début de match de son équipe avec un essai sous les poteaux. Après arbitrage vidéo, l’arbitre estime que Jules Favre fait écran sur Louis Bielle-Biarrey. L’essai est donc logiquement refusé. Malgré tout, les Maritimes continuent de pousser sans réussir à concrétiser.
Une touche volée à la 19ème minute par Cameron Woki marque la fin de la période de domination des Jaune et Noir. Alors que les Bordelais commencent à prendre le pas sur leurs adversaires, Damian Penaud permet à Nicolas Depoortère d’inscrire un essai à la 27ème minute. Mais comme pour Leyds dix minutes plus tôt, l’arbitrage vidéo refuse l’essai, le centre international n’ayant pas aplati.
La stat qui détonne est la suivante : La Rochelle a 80 % de possession après 20 minutes de jeu, face à des Bordelo-Béglais étouffés par l’intensité des Maritimes. Malgré cette statistique plus qu’impressionnante, le score n’est qu’à 3-3. Un paradoxe tant les Rochelais ont dominé.
Une nouvelle faute de Bourgarit donne la possibilité à Jalibert de faire passer son équipe devant (6-3, 33e). Malgré ce temps fort bordelais, on continue à voir des Rochelais qui osent, qui proposent du jeu mais font preuve d’un manque criant d’efficacité.
Bordeaux semble proche d’inscrire le premier essai du match juste avant la pause. Martin Page-Relo aplatit derrière la ligne, mais pour la troisième fois du match, l’arbitrage vidéo annule l’essai. Un nouvel en-avant qui sauve les Jaune et Noir.
À la mi-temps, l’UBB mène 6 à 3, un score qui ne rend pas hommage aux trois essais marqués et refusés, ni à la domination rochelaise des vingt premières minutes. Les Maritimes auront beaucoup tenté mais les mauvais choix offensifs et la défense bordelaise auront réussi à sauver plus d’une situation. En face, l’UBB joue en contre et s’est montrée dangereuse sur chacune de ses offensives.
Bordeaux-Bègles punit, La Rochelle sauve les meubles
Les hommes de Ronan O’Gara démarrent la seconde mi-temps en force mais un 50-22 de Jalibert à la 44ème minute offre une très belle occasion aux locaux. Après la touche, les avants bordelais créent un point de fixation, le genre qui sied à merveille aux flèches girondines. Nouvelle saison mais méthode connue, à l’efficacité diabolique : un coup de pied rasant de Jalibert pour un essai de Bielle-Biarrey (13-3,47e). La transformation du numéro 10 bordelais donne un matelas de dix points à l’UBB qui ne tient pas longtemps. Favre répond après un superbe jeu au pied d’Hastoy quelques minutes plus tard (13-8, 50e).
L’indiscipline rochelaise coûte cependant cher et donne à Jalibert la possibilité de mettre son équipe à plus d’un essai transformé de son adversaire, ce dont il ne se prive pas (16-8, 54e). La Rochelle continue de vouloir proposer du jeu mais cela semble parfois très aléatoire. En témoigne une tentative de chistera de Levani Botia pour personne, la contre-attaque bordelaise amène Hoani Bosmorin à devoir se dégager en catastrophe. La touche de Penaud aboutit à un essai de Page-Relo, transformé par un Jalibert pragmatique (23-8, 61e).
Alors que le score semble figé, un carton jaune de Xan Mousques à dix minutes du terme, après une interception et une course de 40 mètres d’un Nolann Le Garrec crampé, fait espérer une rébellion des Maritimes. Alors qu’il ne reste plus qu’une minute, un essai de Thomas Berjon, un carton jaune de Matis Perchaud et une transformation d’Hastoy rend le bonus défensif possible (23-15, 79e) !
Les Rochelais remontent le terrain, récupèrent une mêlée et pénalisent les Bordelais sur cette dernière. Hastoy doit mettre sa pénalité malgré les huées du stade Chaban-Delmas pour offrir un point de bonus défensif à son équipe, chose faite. Le score final est de 23-18 pour l’UBB. La Rochelle peut avoir des regrets mais tout le monde n’ira pas chercher un point à Chaban cette saison. L’opération n’est donc pas une pure perte, hormis celle de Dillyn Leyds, sorti à la 64ème minute. « Il s’est sûrement fracturé la mâchoire. C’est un coup dur, il devrait être absent pour quelques mois. », rapportait Ronan O’Gara en conférence de presse.
Le fait du match
Il n’est jamais évident de critiquer une légende vivante mais il faut bien admettre que la chistera de Levani Botia à l’heure de jeu aura coûté très cher au Stade Rochelais. Alors que l’écart n’est que de huit points et que les Maritimes montrent de très bonnes choses, un très joli mouvement collectif permet aux Jaune et Noir de revenir dans les 22 mètres adverses. À la fin de ce mouvement, Levani Botia tente, dans la précipitation la plus totale, une chistera alors qu’aucun rochelais ne se trouve à côté de lui, ou du moins beaucoup trop loin pour tenter ce genre de geste technique. Ce ballon redonné aux Bordelais aboutit directement à l’essai de Page-Relo. Ce sont sept points offerts gratuitement à l’UBB. Des points qui, quand on fait les comptes après le coup de sifflet final, valent gros.
Top et Flop
Top : Antoine Hastoy, sans l’ombre d’un doute, aura été le meilleur rochelais sur la pelouse hier soir. Présent aussi bien offensivement, où il aura été à l’initiative de la quasi-totalité des actions de son équipe, que défensivement (son retour sur Depoortère à la 27ème minute étant la raison du non-essai du centre international). S’il a manqué une transformation, cela n’enlève rien à sa performance globale qui aura été d’excellente facture.
Flop : Si plusieurs joueurs n’ont pas été au niveau attendu, Pierre Bourgarit est le flop rochelais de cette rencontre. Sa première mi-temps l’aura vu faire un nombre de fautes trop élevé, deux d’entre elles offrant des points gratuits à un Jalibert qui n’en demandait pas tant. Pas impérial en touche non plus, le talonneur international n’aura pas eu l’impact qu’on lui connaît.
Le bilan
Finalement, que retenir de ce match ? Et bien, il y a eu du très positif et du très négatif, et souvent liés l’un à l’autre. On peut noter la volonté assumée du staff et des joueurs de produire du jeu de trois-quarts, de moins l’axer sur les avants et même le fait de quitter Chaban-Delmas avec un point dans l’escarcelle. Mais ce changement de style aura aussi contribué à plusieurs erreurs, causées par le manque d’automatismes logique entre les joueurs, alors que les habituelles faiblesses du Stade Rochelais n’auront pas disparues. Les scories, les mauvais choix et l’indiscipline auront été des facteurs importants dans la défaite des Jaune et Noir. Un sentiment de frustration parcourt les supporters du club à la caravelle, tant il y avait moyen d’aller chercher mieux hier soir.
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