Vincent Merling et Laurent Marti : les architectes de l'ascension du Stade Rochelais et de l'UBB

Le Stade Rochelais et l’Union Bordeaux-Bègles, autrefois outsiders, ont su se hisser au sommet du rugby français et européen grâce à la vision et aux choix adoptés par leurs présidents, Vincent Merling et Laurent Marti. À travers leur gestion exemplaire et leur capacité à fédérer des talents, les deux présidents ont transformé leurs clubs en de véritables forces incontournables, bousculant ainsi l'ordre établi du Top 14.

Bien que les deux clubs aquitains affichent un niveau très proche ces dernières, plus de 100 ans séparent la création des deux formations. Le club maritime a été fondé en 1898 tandis que le club girondin est né de la fusion entre le Stade Bordelais et le CABBG (Club Athlétique Bordeaux Bègles Gironde) en 2006. Laurent Marti, l’actuel président, prend les rênes du club en 2007. Malgré la différence d’âge des deux équipes, leur capacité à s’élever au plus haut niveau s’explique par une stratégie claire mise en place depuis une dizaine d’années maintenant : privilégier un développement durable plutôt que des résultats immédiats, en investissant dans des infrastructures et en développant une politique de formation solide. L’objectif est simple pour les deux clubs : devenir une place forte du rugby français et européen.

Les infrastructures contribuent à la création d’une identité pour un club. Aujourd’hui, le Stade Rochelais est directement assimilé au stade Marcel-Deflandre et plus récemment à son luxueux centre d’entraînement, le Macif Parc. L’Union Bordeaux-Bègles peut compter sur le stade Chaban-Delmas et sa chaude ambiance, que les Bordelais ont intégré lors de la saison 2015-2016. Il s’agit de la plus grande enceinte du Top 14 avec une capacité de 34 422 places et qui connaît la plus forte affluence d'Europe.

Des lignes directrices similaires, mais une vision de jeu opposée

La politique de recrutement et de formation des Maritimes et des Girondins est également à mettre en avant pour justifier les très bons résultats récents. Une véritable colonne vertébrale anime chacune des deux équipes, composées de joueurs formés au club mais également de joueurs recrutés à des postes clés. Le Stade Rochelais peut s’appuyer sur des références mondiales telles que Will Skelton, Grégory Alldritt ou encore Uini Atonio. Ronan O’Gara a réussi à sublimer toutes les qualités de ces joueurs en basant son jeu sur ses avants. Le pack rochelais est bien connu en Europe et peu d’adversaires aiment s’y frotter !

Du côté de l’UBB, on retrouve une ligne de trois quarts dite « galactique », remplie de talent avec quasiment la ligne de trois-quarts du XV de France, à savoir : Bielle-Biarrey, Moefana, Depoortère, pour ne citer qu’eux. Cette appellation est le fruit d’un recrutement intelligent et ciblé, avec par exemple un autre international français, Damian Penaud - arrivé chez les Bordelo-Béglais à l’intersaison 2023/2024 - qui en est la parfaite illustration. Mais plus encore, cette équipe est animée par la charnière tricolore Lucu - Jalibert. Ce dernier est un véritable enfant du club passé par toutes les catégories de jeunes, et qui est considéré aujourd’hui comme l’un des meilleurs demi d’ouverture du monde, comme le démontre son très bon début de saison.

Un autre aspect important de l’évolution des deux rivaux : le choix des entraîneurs. L’arrivée de Ronan O’Gara en tant qu’entraîneur principal après le travail de Patrice Collazo a marqué un tournant pour le club à la caravelle. Il a rapporté avec lui l’exigence à l’irlandaise, une dimension tactique et une mentalité de gagnant qui ont permis à l’équipe de tutoyer les sommets en remportant deux titres de champion d’Europe d'affilée en 2022 et 2023. Le manager irlandais a placé le Stade Rochelais sur le toit de l'Europe.

Pour leurs voisins girondins, Christophe Urios a fait passer un cap au club en 2019, en témoignent les quatre demi-finales d'affilées en Top 14 (série commencée lors de la saison 2020-2021). L’arrivée de Yannick Bru comme manager à l’intersaison 2023-2024, a renforcé ce sentiment de progression avec une première accession en finale de Top 14 de l’histoire du club le 28 juin 2024. Le club est entré dans une forme de régularité au plus haut niveau et tout porte à croire que leur moment de gloire arrivera prochainement, tant ils semblent au sommet de leur art rugbystique.

Les acteurs locaux, une force majeure pour le succès d’un club

Vincent Merling l’a toujours reconnu, l’UBB et le Stade Rochelais se ressemblent beaucoup dans leur évolution, comme il l’expliquait au micro de France Bleu Gironde, dans le podcast 100% UBB le 5 novembre 2021 : “On a un peu le même parcours avec l’UBB, ce sont deux grands clubs qui se structurent petit à petit et montent en puissance. [...] Nos deux clubs se ressemblent beaucoup car nous partageons avec Laurent Marti la majeure partie des grandes idées de notre sport [...] nous avons structuré nos clubs avant de faire une grande équipe. Et cette structure de nos clubs fait qu’aujourd’hui nous avons de belles équipes très compétitives pour le titre final.”

L’ascension fulgurante des deux voisins aquitains au plus haut niveau du rugby français témoigne de l’impact décisif de leurs présidents et de la vision qu’ils ont pour leurs clubs respectifs. Vincent Merling et Laurent Marti ont misé sur la patience, le développement des infrastructures et la consolidation d'une identité de club ancrée dans sa région. Le Stade Rochelais s’appuie sur les principales entreprises de la ville comme Léa Nature, Sarrion ou encore Merling qui est l’un des principaux actionnaires du club, dont le PDG est le président des Maritimes. Vincent Merling est le président le plus vieux du championnat en terme de longévité puisqu'il est à la tête du club depuis 1991. L’UBB quant à elle, s’appuie aussi sur des entreprises historiques girondines comme Cacolac ou encore Bistrot Régent. Tous ces partenaires montrent l’implication des deux clubs à investir dans les entreprises locales pour faire rayonner la région Nouvelle-Aquitaine. Sans oublier la gestion sportive qui a permis aux deux clubs de s’installer parmi les meilleures équipes d'Europe.

Ces deux dirigeants ont prouvé que, dans un rugby de plus en plus compétitif, une vision claire et des choix stratégiques réfléchis peuvent permettre à des clubs "outsiders" de rivaliser avec les plus grands. Vincent Merling, grâce à des choix judicieux et une gestion stable financièrement, a permis au Stade Rochelais de décrocher deux titres européens, symboles d’un projet construit avec intelligence. De son côté, Laurent Marti a su allier ambition et résilience pour élever l'UBB parmi les prétendants sérieux au niveau national et européen, tout en insufflant une véritable culture de la performance au sein du club.

                                                                                                                    Paul Franc

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